Le reportage
La profession
le considère comme le genre roi. Et c’est vrai qu’un bon reportage a fière
allure
dans un journal ! Ses ingrédients : l’observation fine d’un événement, de
personnes,
d’us et coutumes, de rouages sociaux, ... et la restitution dans un style
vivant
de cette observation. Le reportage est en outre un bon moyen de sortir des
chemins
balisés de l’information attendue.
Quand M. Quidam
parle de reportage, il évoque aussitôt les montagnes d’Afghanistan,
un
village malien ou le visage d’un descendant d’Aztèques… rarement les pentes de
l’Etna
et jamais le coin de sa rue. Or, un reportage n’a pas besoin de distance pour
être
«
bon ». De même, parler de « grand » reportage a quelque chose d’absurde, comme
s’il
pouvait y avoir
des « petits » reportages… Certes le plaisir que l’on peut avoir à
découvrir
une région lointaine ou une activité humaine hors du commun a quelque chose
de
grisant. Cela mis à part, le travail de restitution sera le même si l’on traite
de la
difficulté
de vivre d’un groupe de SDF pendant les grands froids.
Le journaliste
ne peut réaliser un reportage qu’en allant sur le terrain, où il pourra voir,
écouter,
sentir (pris dans son sens littéral et métaphorique), toucher, goûter. Bref, il
va
utiliser
ses 5 sens et faire preuve de la plus grande curiosité possible. En reportage,
rien
ne
devrait être évident, tout devrait être objet à étonnement : ce sont souvent
les
petits
détails qui permettent de pimenter le récit et de lui donner la touche « vécu
».
Méthode de
travail
♦
Sur le terrain, faire preuve d’humilité et de discrétion ; se montrer ouvert à
l’inattendu,
ne pas juger ; se montrer mobile ; aller à la rencontre des gens quand
ils
peuvent être disponibles ; multiplier les rencontres : le chauffeur de taxi, la
femme
de ménage, le passant, l’habitué d’un bistrot peuvent apporter plus que le
spécialiste
ou la personne qu’il « faut absolument voir ».
♦
Prendre des notes. Décrire les ambiances, les lieux ; relever un mot, une
phrase
entendus
; noter ses impressions, son ressenti ; consigner les faits, le moment et
l’endroit
où ils se produisent. Tous ces éléments seront utiles lors de la rédaction
pour
donner un sentiment de vécu.
♦
Ecrire. Surtout ne pas attendre, les images s’estompent vite. Si le reportage
s’étend
sur
plusieurs jours, reprendre ses notes en fin de journée, les compléter.
♦
Dès le retour en rédaction, on risque de se retrouver avec un amoncellement
d’éléments
qu’il va falloir ordonner. Dégager alors une idée forte et réfléchir à la
manière
de la « mettre en scène » par une image, un fait anodin, une impression
ressentie,
la description d’un personnage, d’un lieu, une citation : ce sera sans
doute
le début de l’article. A partir de là, construire un scénario qui permette
d’intégrer
les séquences essentielles du reportage ; reprendre ses notes, voir quels
éléments
ont été écartés, examiner s’il faut en réintégrer quelques-uns ; rechercher
les
détails qui rendront le récit plus vivant ; encore affiner sa trame.
♦
Contrairement aux autres genres, la construction du reportage ne demande pas
d’aller
du plus important à l’accessoire. Recourir à diverses formes : le récit, les
tableaux,
le personnage central, la « cascade », par exemple.
Le
récit : la forme chronologique n’est pas requise ; mettre en scène les
personnages
et leurs relations ; décrire les ambiances et les lieux ; dire ce
qu’il
se passe.
Les
tableaux : Décrire une réalité en plusieurs tableaux, plusieurs petits
récits.
L’addition de ces différentes scènes donnera une vision globale du
sujet.
Le lien entre les différents tableaux peut être travaillé pour passer
plus
ou moins inaperçu ou, au contraire, être nettement marqué.
Le
personnage central : construire sa trame autour d’un personnage, ou
éventuellement
d’un petit groupe. Mettre en scène le vécu de ce
personnage
et ses interactions avec d’autres.
La «
cascade »: variante des formes « tableaux » et « personnage central ».
Dans
chaque tableau, faire apparaître un personnage dont l’avis ou le vécu
est
mis en évidence. Chaque nouvelle séquence fait écho à la précédente.
Rédiger enfin
le titre et le chapeau. Ce dernier sert d’entrée en matière et répond aux
5W.
Accorder de l’importance à cette dernière tâche. Il faut faire envie au lecteur
pour
que l’effort
fourni ne soit pas vain !
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