Echec scolaire
ÉCHEC SCOLAIRE.
Pour
l'opinion commune l'école représente le « lieu privilégié », où devant
l'objectivité du
savoir
et de la culture, les différences dues à l'origine familiale, professionnelle,
donc à
l'origine
de classe, disparaissent ou doivent disparaître.. L'instruction
proposée également à
tous
donnerait à chacun ses chances en fonction de ses capacités et de ses efforts.
Dans un tel
contexte,
l'échec scolaire renvoie simplement à l'existence de « bons élèves » et de «
mauvais
élèves
», d'élèves « doués » et d'élèves « moins doués » voire « retardés ». A cette
attitude
moralisatrice
qui a le mérite de la simplicité, s'opposent un certain nombre de travaux de
sociologues et
de psychologues.
Le point de vue
des sociologues
Les
sociologues partent du fait établi à tous les niveaux, du primaire au supérieur
et en
sciences
comme en lettres, que les chances de réussite scolaire sont inégalement
réparties
en
fonction de l'origine sociale. Définissant le rapport pédagogique comme un
rapport de
communication,
Pierre Bourdieu et Jean-Claude Passeron• cherchent à en déterminer le
rendement
à partir des caractéristiques sociales et scolaires des récepteurs (les élèves)
et en
partant
de l'hypothèse que la « productivité » est fonction de la distance entre
le langage à
inculquer
et le langage antérieurement inculqué. Ainsi mettent-ils en évidence l'existence
d'un
héritage culturel qui est à la base de la péréquation scolaire. L'avantage
le plus
important
des enfants issus de milieux socialement favorisés n'est pas l'aide directe que
leurs
parents peuvent leur accorder. « Ils héritent aussi des savoirs » et d'un
savoir-faire, et
des
goûts et d'un bon goût dont la rentabilité scolaire est d'autant plus grande
que ces
impondérables
sont le plus souvent mis au compte du don•.» Cette importance du. rapport
au
langage, qui fait que les enfants des milieux socioculturels aisés qui ont, de
ce fait, un
acquis
linguistique spontanément plus correct, sont favorisés, est confirmée par Ies
statistiques.
Celles-ci montrent que la première cause du redoublement est l'échec en
lecture•.
Lecture
et écriture exigent que l'enfant puisse reconnaître les mots qui lui sont
proposés. Il
faut
donc qu'ils aient pour lui une signification suffisamment précise pour pouvoir
les
définir les uns
par rapport aux autres.
Le point de vue
des psychologues
De cette sorte d'analyse, qui éclaire l'échec
scolaire à partir du rapport de l'institution scolaire
avec
une société stratifiée et conflictuelle, se dégage la perspective des
psychologues qui
partent
de l''enfant et de ses difficultés. Il s'agit alors de trouver dans les
caractéristiques
individuelles
de l'élève les causes de son échec dans son histoire personnelle (en
particulier
dans la construction de ses premières relations avec autrui, dans le milieu
familial).
Les deux types d'explication ne s'excluent pas nécessairement et il est naturel
de
voir les plus démunis psychologiquement ou physiologiquement être les premières
victimes
d'un système de compétition et de sélection. Mais les statistiques montrent que
la
perspective sociologique garde un fort pouvoir explicatif et qu'il serait
dérisoire de
référer
l'importance et la précocité de l'échec scolaire aux seuls paramètres
psychologiques
voire psychiatriques.
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