الاثنين، 4 أبريل 2016

«Avec le numérique on apprend en faisant»






A VENIR – A quoi ressemblera l’école de demain? Comment le numérique va-t-il changer ou bouleverser nos manières d’enseigner? François Muller étudie la question depuis plusieurs années, et partage avec nous le fruit de ses recherches.

Francois Muller est responsable innovation pédagogique du département recherche et développement en innovation et en expérimentation (DRDIE) du ministère de l’Éducation nationale. Il nous donne sa vision de l’apport du numérique dans l’enseignement et sur le futur profil de l’enseignant.

Le numérique va-t-il, selon vous, révolutionner l’enseignement ?

Francois Muller
Francois Muller
Il fait partie de l’innovation mais pas seulement. Il faut bien voir que dans l’évolution de l’école, tout est touché: le système de notation, le rapport entre les élèves, la façon de travailler des enseignants. On voit bien que le numérique participe de cette évolution mais il n’en est pas l’ensemble. C’est un bon vecteur de transformation s’il est accompagné de variables dans une équation plus complexe.

Qu’apporte-t-il donc de plus ?

Le numérique peut «dynamiter» le modèle historique de l’école, le magistère, où le professeur sait tout, pour un groupe donné, dans un lieu donné à un moment donné. Quelqu’un a un savoir et il le transmet à quelqu’un qui ne sait pas. C’est un modèle hérité du Moyen Age. Le numérique vient percuter ce modèle-là grâce à la possibilité pour chacun d’accéder à d’autres sources de savoir.

 Qu’est-ce que cela implique pour l’enseignant?

Il va se retrouver dans des changements d’organisation du travail, de relation, d’aide et d’accompagnement à autrui. C’est une rupture. On passe d’une logique d’enseignement de contenus à une logique d’apprentissage des élèves. Cela veut dire qu’on se focalise et qu’on met son énergie et les moyens matériels, sur l’apprentissage des élèves. Et ça, cela peut décontenancer pas mal le professeur.

Les élèves aussi vont donc changer leur manière d’apprendre?

Avant on était très dans le «apprendre les choses avant que de les faire». Aujourd’hui on apprend en faisant. Devant un écran, on tâtonne, on cherche la meilleure solution, qui ne sera peut-être pas la plus académique mais qui fonctionnera, donc c’est bien.

Comment caractériseriez-vous ces changements?

En trois mots. Il y a une perte de forme, une «in-formalisation», qui pose question aux enseignants, qui peuvent avoir un sentiment de perte de maîtrise de la situation. Il y a une «personnalisation». Auparavant il y avait le professeur, individu qui s’adressait au groupe. On avançait par classe d’âge, par filière. Désormais, on fait en sorte que chacun des élèves puisse apprendre. Enfin, il y a la «collaboration», entre élèves et entre enseignants. Les deux sont liés. On s’aperçoit qu’on apprend de ses pairs. Même chez les élèves, la moitié de l’apprentissage vient de façon informelle, en observant comment l’autre apprend, révises, triche, ou joue dans la cour.
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Et le numérique va permettre cette évolution ?

Ce que le numérique peut apporter, ce sont les moyens techniques au service d’une vision professionnelle qui n’a jamais été bien assumée. Cela permettra peut-être de résoudre localement des choses comme la différentiation pédagogique et le travail d’accompagnement de tous les élèves (les fonds de classes, les exclus du système, les élèves en situation de handicap). Il va participer à l’inclusion et à la personnalisation. Les pratiques seront plus centrées sur l’apprentissage individuel que l’enseignement du professeur.

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