L’enquête
L’enquête
diffère du reportage par deux caractéristiques essentielles : la recherche
méthodique
des faits (alors que le reportage fait la part belle au regard du journaliste
sur
un thème), la primauté de cette recherche sur l’expérience vécue sur le
terrain. En
d’autres
termes, on peut tout à fait mener son enquête en utilisant le téléphone, le
courrier
électronique et en rencontrant des gens hors de leur lieu de vie, donc sans aller
sur
le terrain, ce qui est évidemment exclu pour le reportage.
La curiosité
est la première qualité du journaliste enquêteur : ne pas se satisfaire de
l’évidence",
des interlocuteurs « tout désignés », des réponses « toutes faites ». Refuser
les
à-peu-près, les « il paraît ».
L’intuition est
importante, mais elle ne peut suffire : les faits doivent être vérifiés soit
en
allant à la source, soit par recoupements.
Une bonne
enquête se nourrit de plusieurs sources, d’autant plus si on travaille sur un
scoop
: la multiplicité des sources évite en principe de « griller » son informateur,
pour
autant
que l’on fasse également preuve de finesse dans sa manière d’enquêter.
Tout sujet
original peut faire l’objet d’une enquête journalistique.
L’actualité
et ses à-côtés peuvent fournir d’excellents sujets : une conférence de presse
qui
laisse planer un doute, une entreprise qui licencie en douce, les difficultés
financières
d’un club de football, les ambitions d’un groupe de presse, les chiffres réels
de
la fréquentation d’une compagnie aérienne en difficulté, ...
Il y
a aussi les thèmes « hors actu », mais qui peut répondre à l’attente du public
:
les
lieux privilégiés du deal dans une ville, le salaire des cadres, les
perspectives
d’emploi
dans l’informatique, l’avenir des cinémas indépendants, ...
Les
conditions-cadres de la presse suisse romande ne permettent guère aux
journalistes
de
mener de vastes enquêtes. A l’exception de la TV où le temps réservé à une
enquête
peut
aller jusqu’à plusieurs semaines pour un magazine, la norme est de 1 à 2 jours,
parfois
3-4 pour un hebdomadaire. Les enquêtes approfondies sont dès lors rares. En
revanche,
nombreuses sont les enquêtes express (une journée de travail pour enquêter
et
écrire son papier) et les enquêtes « rapides » (2 à 3 jours).
Méthode
de travail
Commencer
par se demander « quelle est la bonne question ? quelle est celle qui me
permettra
sans doute d’y répondre au mieux compte tenu des éléments
d’informations
dont je dispose ? »
♦
S’informer ; rechercher la documentation déjà disponible sur le sujet ;
sélectionner
celle
qui sera sans doute utile
♦
Commencer son enquête, se renseigner tous azimuts pour vérifier d’abord si on
se
pose
la bonne question et trouver les premiers éléments de réponse.
♦ Si
le coeur du sujet est « délicat » (scoop, par exemple), procéder par cercles
concentriques
: aller des acteurs les moins concernés jusqu’au(x) plus concerné(s).
Cela
permet d’affiner de son sujet et ses questions et, le cas échéant, de brouiller
les
pistes si l’on veut protéger un informateur. Leur poser des questions précises,
mais
également sonder leurs sentiments et tenter de trouver par leur intermédiaire
de
nouveaux interlocuteurs.
♦
Réunir des éléments d’information aussi précis que possible : le lieu et la
date d’une
réunion,
le compte rendu de propos échangés, un document qui n’a pas été diffusé
dans
la presse, ...
♦ Si
le sujet est « explosif », ou qu’il risque de froisser certaines
susceptibilités,
vérifier
ses informations plutôt trois fois qu’une, ne rien laisser au hasard, ni les
faits,
ni les fonctions exactes, ni l’orthographe des noms.
♦
Déterminer (ou plutôt s’informer sur) la place disponible, le nombre d’articles
et
d’encadrés
possibles, leur longueur respective.
♦
Ecrire :
Reprendre
la matière récoltée, la trier, la hiérarchiser.
Même
si l’enquête a pris beaucoup de temps, éliminer tout le superflu pour
rester
concis.
Dresser
la liste des faits saillants, des éléments à privilégier.
Choisir
dans cette liste celui qui sera mis en tête d’article et qui servira
d’accroche.
Elaborer
un plan à partir de cet élément vedette.
Rédiger
en se montrant aussi précis que possible et en citant ses sources,
crédibilité
oblige.
Rédiger
les titres et un chapeau général qui « couvriront » l’ensemble des
articles et des
encadrés.
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