الاثنين، 8 أبريل 2019

L’enquête


L’enquête

L’enquête diffère du reportage par deux caractéristiques essentielles : la recherche
méthodique des faits (alors que le reportage fait la part belle au regard du journaliste
sur un thème), la primauté de cette recherche sur l’expérience vécue sur le terrain. En
d’autres termes, on peut tout à fait mener son enquête en utilisant le téléphone, le
courrier électronique et en rencontrant des gens hors de leur lieu de vie, donc sans aller
sur le terrain, ce qui est évidemment exclu pour le reportage.
La curiosité est la première qualité du journaliste enquêteur : ne pas se satisfaire de
l’évidence", des interlocuteurs « tout désignés », des réponses « toutes faites ». Refuser
les à-peu-près, les « il paraît ».
L’intuition est importante, mais elle ne peut suffire : les faits doivent être vérifiés soit
en allant à la source, soit par recoupements.
Une bonne enquête se nourrit de plusieurs sources, d’autant plus si on travaille sur un
scoop : la multiplicité des sources évite en principe de « griller » son informateur, pour
autant que l’on fasse également preuve de finesse dans sa manière d’enquêter.
Tout sujet original peut faire l’objet d’une enquête journalistique.
L’actualité et ses à-côtés peuvent fournir d’excellents sujets : une conférence de presse
qui laisse planer un doute, une entreprise qui licencie en douce, les difficultés
financières d’un club de football, les ambitions d’un groupe de presse, les chiffres réels
de la fréquentation d’une compagnie aérienne en difficulté, ...
Il y a aussi les thèmes « hors actu », mais qui peut répondre à l’attente du public :
les lieux privilégiés du deal dans une ville, le salaire des cadres, les perspectives
d’emploi dans l’informatique, l’avenir des cinémas indépendants, ...
Les conditions-cadres de la presse suisse romande ne permettent guère aux journalistes
de mener de vastes enquêtes. A l’exception de la TV où le temps réservé à une enquête
peut aller jusqu’à plusieurs semaines pour un magazine, la norme est de 1 à 2 jours,
parfois 3-4 pour un hebdomadaire. Les enquêtes approfondies sont dès lors rares. En
revanche, nombreuses sont les enquêtes express (une journée de travail pour enquêter
et écrire son papier) et les enquêtes « rapides » (2 à 3 jours).
Méthode de travail
Commencer par se demander « quelle est la bonne question ? quelle est celle qui me
permettra sans doute d’y répondre au mieux compte tenu des éléments
d’informations dont je dispose ? »
♦ S’informer ; rechercher la documentation déjà disponible sur le sujet ; sélectionner
celle qui sera sans doute utile
♦ Commencer son enquête, se renseigner tous azimuts pour vérifier d’abord si on se
pose la bonne question et trouver les premiers éléments de réponse.
♦ Si le coeur du sujet est « délicat » (scoop, par exemple), procéder par cercles
concentriques : aller des acteurs les moins concernés jusqu’au(x) plus concerné(s).
Cela permet d’affiner de son sujet et ses questions et, le cas échéant, de brouiller
les pistes si l’on veut protéger un informateur. Leur poser des questions précises,
mais également sonder leurs sentiments et tenter de trouver par leur intermédiaire
de nouveaux interlocuteurs.
♦ Réunir des éléments d’information aussi précis que possible : le lieu et la date d’une
réunion, le compte rendu de propos échangés, un document qui n’a pas été diffusé
dans la presse, ...
♦ Si le sujet est « explosif », ou qu’il risque de froisser certaines susceptibilités,
vérifier ses informations plutôt trois fois qu’une, ne rien laisser au hasard, ni les
faits, ni les fonctions exactes, ni l’orthographe des noms.
♦ Déterminer (ou plutôt s’informer sur) la place disponible, le nombre d’articles et
d’encadrés possibles, leur longueur respective.
♦ Ecrire :
Reprendre la matière récoltée, la trier, la hiérarchiser.
Même si l’enquête a pris beaucoup de temps, éliminer tout le superflu pour
rester concis.
Dresser la liste des faits saillants, des éléments à privilégier.
Choisir dans cette liste celui qui sera mis en tête d’article et qui servira
d’accroche.
Elaborer un plan à partir de cet élément vedette.
Rédiger en se montrant aussi précis que possible et en citant ses sources,
crédibilité oblige.
Rédiger les titres et un chapeau général qui « couvriront » l’ensemble des
articles et des encadrés.

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