Écritures
Journalistiques
1. Le
contrat de confiance :
multiple
et transparent
Une
chaîne de magasins bien connue le serine depuis la nuit des temps
publicitaires,
tout est affaire de « contrat de confiance » ! On peut presque
tout
faire en journalisme, pour autant qu’on ne trompe pas son public. Mais
il faut
afficher ses pratiques.
2. La lisibilité :
faire ses gammes
Écrire
pour son lecteur, le respecter, lui communiquer l’information, c’est
écrire
“lisible”. Si l’écriture journalistique ne peut se confondre avec la
littérature,
c’est aussi qu’elle doit rencontrer un impératif d’efficacité
immédiate.
Elle s’inscrit dans un contrat de lecture qui n’engage qu’exceptionnellement
le lecteur à
l’effort.
2.1. Le couple magique : informer et accrocher
Pour
bien comprendre la lisibilité, il faut tout d’abord distinguer, comme on
le
fait en anglais, la lisibilité matérielle d’un texte, ses aspects graphiques et
typographiques
(legible) de sa lisibilité intellectuelle, dans ses aspects cognitifs
(readability).
D’emblée, cette distinction inclut les éléments d’accroche
et
d’information, couple magique des techniques d’écriture journalistique.
2.2.
L’effet “essuie-glace”
C’est
dire que, même en littérature, le lecteur n’a pas attendu Internet pour
développer
la technique du scanning. L’oeil “broute” la page, comme la
vache
promène son appétit de pâquerette en marguerite. Tout le travail
du
journaliste, dans la mise en forme de l’information, consiste à amener
le
lecteur à s’arrêter sur son texte et à en pousser la lecture jusqu’à sa fin.
Toute
occasion d’école buissonnière que laissera le journaliste à son public
se
paiera cash. Un lecteur qui lève le nez du texte est un lecteur perdu :
il
ne
reviendra que rarement à ce point de rupture et s’en ira ailleurs, distrait
par d’autres
entrées.
2.3.
Jusqu’où suivre Flesch ?
Sans
aller jusqu’à la persuasion ou la manipulation, on s’aidera donc des
techniques
de lisibilité pour aider le lecteur à aller au bout de l’information.
Pour
le français, les formules de lisibilité les plus connues sont celles de Georges
Henry (Henry,
1975) et de Gilbert De Landsheere (De Landsheere, 1963).
2.4. Le test du souffle
Cette approche demande pourtant une adaptation à l’écriture
journalistique.
On peut ainsi admettre que la majuscule indique soit un nom
propre,
soit un début de phrase. Plus on relèvera une grande densité
de majuscules
et plus on aura donc de phrases courtes, lisibles. Il en ira
de même pour
les signes de ponctuation qui donnent du rythme à la lecture.
L’écriture
journalistique
condamnera par contre le point-virgule.
2.5. L’oeil qui broute et le nez dans la page
Les applications
normatives des principes hérités de Flesch se déclinent dans
de
nombreux champs. En marketing particulièrement, comme on l’a déjà
noté,
on a vu se développer une littérature prompte à faire la promotion
d’une
écriture “efficace”… Renforcée par le caractère apparemment scientifique
des
études du trajet du regard, cette approche mécaniciste ignore
naturellement
la complexité des processus cognitifs.
2.6. Jolie plume ou manche à balai
Un
autre test de Flesch porte davantage sur l’aspect sémantique et cognitif.
Pour
chaque tranche de 100 mots, il accorde un point à chaque mot
concret.
Par “mots concrets”, Flesch entend :
•
Les noms de gens ;
•
Les nombres et les mots signifiant des chiffres ;
•
Les dates : années, saisons, jours, heures… ;
•
Les mots qui désignent un sexe : vache/taureau, homme/femme… ;
•
Les mots qui désignent des personnes précises : moi, tu, il, mon, votre… ;
•
Les mots qui deviennent concrets par association avec l’une des catégories
précédentes.
Le mot « thèse », par exemple, peut ainsi devenir concret :
« la thèse
d’Einstein », « la deuxième thèse », « la thèse de 1905 »…
La lisibilité ne se conçoit, en journalisme, que
dans le cadre d’un
contrat de lecture respectueux du public. Il ne
s’agit pas d’une technique
de communication persuasive, mais bien d’offrir une
information
claire et compréhensible. La lisibilité n’est pas
limitée au texte.
Son application vise à éviter l’effet
“essuie-glace”
qui entraîne le lecteur
dans un parcours distrait et rapide de son journal.
La précision de l’information sera toujours
privilégiée à l’accroche.
Mais c’est à l’équilibre de ce couple
(information/accroche) qu’il faut
tendre.
La lisibilité se traduit en principes d’écriture :
• des phrases brèves
• des structures de phrases simples et linéaires
• une limitation des adverbes “charnières”
• une ponctuation épurée (pas de point-virgule,
ni de parenthèses)
• des termes simples et concrets
• des acronymes explicités
• des formes actives
• des temps présentifiés (absence de passé simple)…
Dans la pratique, ces principes seront adaptés aux
différents genres
et au style propre à chacun.
Le “test du souffle” sert d’évaluation pragmatique à la lisibilité.
ليست هناك تعليقات:
إرسال تعليق