Enseignement supérieur
et numérique :
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Dans
ses perspectives pour 2017, l’OCDE encourage la France à investir
massivement
et rapidement dans les compétences de l’ère numérique.
Comment
ne pas partager l’urgence d’une telle recommandation ? Tout
au
long de ce rapport, nous avons démontré le caractère impératif des
réformes
de notre système de formation, tout en rappelant le potentiel
de
notre pays de ce point de vue. Nous avons ainsi esquissé les premiers
contours
d’une stratégie résolue, déclinable aux niveaux national et
européen.
L’université
– au sens générique et international du terme – n’est pas
condamnée
par l’entrée dans la révolution numérique. Au contraire,
elle
a tout à y gagner. Depuis près d’une décennie, des efforts considérables
ont
été accomplis pour rendre nos universités et nos écoles plus
autonomes.
Une maîtrise accrue des données, le développement des
bons
outils de pilotage mais aussi le basculement dans l’innovation
ouverte
contribueront puissamment à mettre nos universités au coeur
de
la construction de l’avenir.
La
troisième révolution industrielle appelle notre enseignement supérieur
à
former plus de diplômés aux métiers de l’économie numérique. Bien
au-delà,
c’est l’ensemble de l’économie et des métiers qui sont concernés.
La
digitalisation progressive de tous les secteurs d’activité demande
de
plus en plus de « têtes bien faites », capables de penser la complexité.
C’est
pourquoi, dans ce rapport, nous avons élargi notre analyse des
compétences
strictement « numériques » aux compétences « de l’ère
numérique
». Aucun secteur de formation n’est tenu à l’écart. Nous
n’avons,
par exemple, jamais eu autant besoin de diplômés de haut
niveau
en sciences humaines et sociales, tant il est vrai que « facteur
humain » et «
réalité virtuelle » sont aujourd’hui entremêlés. Jamais
non
plus il n’a été aussi nécessaire de créer les outils qui permettront
à
l’individu de s’orienter dans la masse d’informations toujours croissante
qu’il
a à sa disposition.
Le
basculement définitif de notre enseignement supérieur dans l’ère
numérique
n’a rien d’automatique. Lever les verrous organisationnels
et
culturels, développer des incitations puissantes - sur le modèle du
Plan
d’Investissements d’Avenir –, entraîner les équipes pédagogiques,
sont
autant d’actions qui permettront ce basculement. L’enjeu est de
taille.
Rappelons en effet qu’une partie de chaque classe d’âge arrivant
à
l’âge des études a décroché scolairement. Nous avons démontré dans
ce
rapport comment les outils numériques, bien utilisés, pouvaient
servir
au « raccrochage » et démentir le sentiment d’une impossible
insertion
professionnelle. Rappelons, ensuite, que le raccourcissement
croissant
des cycles d’innovation entraîne une obsolescence rapide des
compétences
et des formations. Notre pays fait ainsi face à un défi
considérable
en termes d’engagement et d’investissement dans la formation
continue.
L’enseignement tertiaire français est inégalement outillé
pour
répondre à cette demande aujourd’hui. Les seules universités
d’entreprises
ne suffiront pas à répondre à ce défi. La révolution numérique
incite
ainsi l’université à se recentrer sur ses fondamentaux :
développement
de l’esprit de recherche, transmission d’une culture
générale,
y compris scientifique, acquisition d’outils d’analyse, développement
des
repères éthiques, etc. Ils sont autant de compléments
indispensables
des compétences techniques et professionnelles spécialisées
de
l’ère digitale.
Enfin,
tout au long de ce rapport, nous avons rappelé la nécessité de
former
l’individu à ne pas être seulement consommateur de l’ère numérique
mais
aussi entrepreneur, innovateur et créateur. Afin de parfaire
ce nouveau
rapport à la connaissance, la France et l’Europe doivent
prendre
en compte l’enjeu de « souveraineté numérique », insuffisamment
traité
aujourd’hui. Ce défi, analysé depuis longtemps aux États-Unis
ou
en Chine, doit entraîner en France et à l’échelle de l’Union européenne
la
mise en place d’une stratégie de maîtrise des outils et des normes
qui
façonnent la troisième révolution industrielle. Nos universités et nos
écoles
seront des atouts majeurs dans le développement d’une telle
stratégie.
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