De plus en plus, les responsables de l’éducation au Maghreb mettent en place des programmes innovants pour l’utilisation des nouvelles technologies en classe. Certains ambitionnent de réaliser un vaste programme d’équipements de élèves avec des terminaux mobiles (particulièrement les tablettes), d’autres ont initié de vastes programmes de transformation de la manière d’envisager l’enseignement à travers l’utilisation des TICE, d’autres tâtonnent en réalisant de petites expérimentations.
Mais réellement combien d’enseignants utilisent les TICE dans leur cours ? Il serait intéressant de lancer une vaste enquête sur le sujet, ne serait-ce que pour connaitre le taux d’intégration des nouvelles technologies dans les apprentissages. Bien sûr, beaucoup d’entre eux répondraient qu’ils utilisent des présentations PowerPoint et ont parfois recours à des vidéos, mais au fond, quel est le nombre de professeurs qui ont intégré dans leur enseignement l’utilisation le numérique comme outil pédagogique en vue de transformer leur manière de transmettre les savoirs.
En faisant un petit sondage dans notre entourage, nous pouvons nous rendre compte que finalement très peu d’enseignants ont intégré les TICE dans leur pédagogie. Et si on cherche à connaitre ce qui peut constituer un frein à la technologie dans l’éducation, nous pouvons identifier plusieurs raisons qui empêchent les enseignants d’intégrer les nouvelles technologies dans leurs cours, alors même qu’ils connaissent le sujet et reconnaissent leur impact positive sur l’amélioration de la qualité de l’enseignement.
Manque de formation
L’argument le plus souvent avancé est le manque de formation. Lorsque les écoles ou les responsables de l’éducation décident de mettre en œuvre des innovations basées sur l’intégration des nouvelles technologies, la décision est souvent prise sans aucune réflexion sur les compétences et la formation des enseignants. La technologie évolue très rapidement, de nouveaux outils, de nouvelles applications apparaissent rapidement et les appareils évoluent constamment. La formation des enseignants est cependant beaucoup moins fréquente et souvent considérée comme non prioritaire.
Former les enseignants pour leur permettre de suivre l’évolution technologique doit être le premier objectif lorsqu’on parle d’intégration des TICE dans l’éducation. Les professeurs doivent avoir à leur disposition les formations adéquates pour maîtriser les outils et les usages TIC et permettre une évolution des systèmes éducatifs.
Formation non adaptée, axée sur les outils plutôt que sur les usages pédagogiques
Lorsque un plan de formation est mis en place pour les enseignants, celle-ci est généralement ciblée sur les technologies plutôt que sur les usages et la pédagogie. Souvent, celles-ci sont assurées par les experts technologiques des entreprises qui cherchent à placer leurs produits, plutôt que par des experts en intégration pédagogiques des TICE. Ces formations portent sur la manière de faire fonctionner un appareil ou une application, plutôt que sur la façon de l’utiliser pour améliorer l’apprentissage. Les enseignants sont alors livrés à eux même pour comprendre comment intégrer l’outil de manière efficace avec leurs élèves.
Les formations doivent être portées par des experts pédagogiques qui peuvent transmettre aux enseignants une expérience pratique d’utilisation des nouvelles technologies en classe.
Formation en décalage avec le contexte d’enseignement
Et lorsque la formation est assurée sur le plan pédagogique, elle est souvent liée à la technologie et non spécifiquement conçu autour des besoins et du contexte des enseignants et de leurs programmes. Ils doivent souvent l’adapter par eux-mêmes.
Les cursus de formation doivent être appliqués sur les outils et le contenu dont les enseignants ont réellement besoin et qu’ils auront à enseigner dans leur cours.
Formateur « hors sujet »
Certains formateurs en TICE, bien que très bien intentionnés, peuvent être un peu trop évangélistes. Ils ont tendance à prêcher pour mettre en avant les bénéfices incroyables qu’ils imputent aux nouvelles technologies dans l’enseignement, sans être réalistes sur les limites et les difficultés auxquels de nombreux enseignants sont confrontés dans leur usage quotidien en classe. Ces formateurs ont également tendance à souligner de manière exagérée les avantages d’une utilisation excessive des nouvelles technologies, alors même que parfois il n’y a aucun bénéfice réel.
La formation des enseignants en TICE doit être abordée avec un œil critique, afin que ces derniers puissent aussi comprendre les écueils, les problèmes et les restrictions qui accompagnent l’utilisation des nouvelles technologies en classe.
Technologie non adaptée
L’investissement à outrance dans les nouvelles technologies peut conduire au choix des mauvais outils. Parfois obtenir des conseils impartiaux quant aux solutions technologique, relève du défi face à la multitude des applications disponibles et au discours commerciaux très persuasifs. Il est souvent tentant d’acheter quelque chose qui est accompagné d’un bon marketing, alors que la durée de vie de certains outils Edtech est limitée dans le temps.
Avant d’investir dans les nouvelles technologies, il est conseillé de définir les besoins précis des enseignants et des élèves et choisir les outils adaptés.
Manque d’intégration dans le curriculum
Afin que les enseignants soient en mesure d’utiliser la technologie elle doit être intégrée dans le cursus. Ils ont besoin de voir les connexions avec ce qu’ils enseignent et l’outil doit les aider à atteindre leurs objectifs.
La technologie ne peut être un complément et ne constitue aucunement un travail supplémentaire. Elle doit être intégrée dans l’enseignement et aider les professeurs dans leur animation pédagogique.
Manque de concertation
Les décisions et moyens d’intégration des TICE dans l’enseignement est souvent prise sans concertation des principaux acteurs et le choix de la technologie se fait sans consulter les enseignants. Ce processus de prise de décision peut à la fois engendrer un mauvais choix au niveau des outils, mais aussi induire un rejet de la part des équipes pédagogiques qui y voient plus un problème supplémentaire à traiter, plutôt qu’une solution d’amélioration de l’animation pédagogique.
Les enseignants doivent être intégralement impliqués dans le processus de décision d’intégration des nouvelles technologiques en classe et consultés quant au choix des outils à utiliser.
Manque de support technique
L’utilisation du numérique en classe peut rapidement devenir un casse tête quand on sait que les outils et matériels technologiques sont assez peu fiables et sujet à des dysfonctionnements. Ceci est d’autant plus gênant si l’enseignant se retrouve avec un bug qu’il n’est pas en mesure de résoudre en l’absence d’un support technique.
Le support technique doit servir et soutenir l’enseignant dans ses usages technologiques. De même, les enseignants doivent être formés pour être en mesure d’articuler et de décrire avec précision les problèmes techniques qu’ils rencontrent.
Manque d’infrastructure
L’investissement se concentre sur les applications ou le matériel, plutôt que sur l’infrastructure nécessaire à l’intégration de la technologie en classe. Souvent le niveau d’investissement minimal en infrastructure, pour faire fonctionner correctement les outils numériques, est sous-évalué et de nombreux établissements se retrouvent avec un manque de matériel et une connectivité défaillante.
Avant d’investir dans les outils et les applications numériques, les responsables des systèmes éducatifs ou des établissements doivent d’abord à assurer qu’ils disposent d’une infrastructure suffisante pour soutenir les activités mises en place par les enseignants.
Des objectifs irréalisables
Les investissements en nouvelles technologiques ne sont réalisés que dans le but de mettre des outils innovants entre les mains des enseignants et des élèves et que cela est suffisant pour transformer fondamentalement l’expérience d’apprentissage. En réalité, l’intégration de certaines technologies permet à peine aux élèves et à leurs professeurs de rester connectés avec le monde qui les entoure et n’a pas réellement d’impact significatif sur l’amélioration des résultats en classe. Ce qui peut réellement changer les choses c’est de mieux former les enseignants et d’améliorer les méthodes et le contenu des enseignements. La technologie peut faciliter les choses, mais en faire une réalité exige beaucoup de travail et des mutations plus importantes. Utiliser la technologie pour maintenir un statuquo ou engendrer des modes inefficaces de transmission de l’information aura finalement peu ou pas d’impact significatif sur les systèmes éducatifs.
La technologie doit être intégrée en classe avec une compréhension de la manière dont il peut permettre une amélioration de l’expérience d’apprentissage des élèves et des enseignants et une transformation des pratiques pédagogiques.
Un outil Inutile
Dans bien des cas, les enseignants voient la technologie comme un obstacle ou un gadget inutile à la réalisation de leurs objectifs et dans certains cas cela peut être juste et argumenté.
La formation sur l’intégration des nouvelles technologies en classe doit permettre de déterminer quand et à quel degré il faut utiliser les TICE dans l’enseignement.
La technologie ne devrait pas constituer un obstacle pour l’apprentissage, mais doit représenter un atout pour améliorer l’éducation.
Si vous pensez qu’il existe d’autres raisons qui représentent un frein à l’utilisation des nouvelles technologiques en classe, vous pouvez les ajouter dans les commentaires, les mentionner sur Twitter ou les transmettre via Facebook.
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