Inefficace, démotivant, et qui plus est coûteux d’après la ministre de l’Education nationale Najat Vallaud-Belkacem, le redoublement d’un élève ne devrait plus servir que d’extrême recours à partir de l’automne prochain. Tel est le sens d’un décret examiné en ce moment par le Conseil d’Etat, qui s’inscrit dans la loi de refondation de l’Ecole de la République (8 juillet 2013).
Car redoubler permet certes à un élève de récupérer un peu son retard par rapport aux autres élèves, mais les études montrent qu’à long terme les redoublants progressent globalement moins bien que leurs camarades de même niveau passés à la classe supérieure.
Or, au cours de leur scolarité obligatoire, 28 % des élèves français actuels on déjà passé deux ans dans une même classe : c’est plus du double que la moyenne des 35 pays de l’OCDE (PDF). A l’entrée au collège, un enfant sur dix a un an de retard, et les redoublements dits “stratégiques” sont fréquents en troisième et en seconde.
Désormais, d’autres pistes de soutien aux élèves en difficulté devront être recherchées, d’après les souhaits de la ministre, tandis que le redoublement ne sera admis que lorsqu’il se justifie. Soit lors d’une “rupture importante de l’apprentissage” – notamment en cas d’absences prolongées d’un élève au cours de l’année, soit lorsque le niveau à redoubler constitue un “palier d’orientation” qui barre l’accès à la filière choisie par l’élève.
LIMITER LE REDOUBLEMENT EST UN OBJECTIF RECHERCHÉ DEPUIS LONGTEMPS
Cela fait plusieurs années que les législateurs français souhaitent encadrer davantage les redoublements. Tel était l’un des objectifs de la loi d’orientation de Lionel Jospin qui en 1989 introduisit l’enseignement par cycles. Mais la mauvaise habitude de faire tout de même redoubler les élèves en retard est restée, souvent voulue par le corps enseignant, voire par les familles elles-mêmes.
Le débat sur le redoublement intervient dans une remise en question plus large, ces dernières années, de divers aspects de l’enseignement en France, comme l’opportunité de noter les élèves de primaire, les rythmes scolaires, ainsi que la surcharge des classes. Sur toutes ces questions, la science a apporté des réponses étayées, en convoquant la psychologie et les neurosciences.
C’est ainsi que les études de chronobiologie ont montré que la semaine de 5 jours est bénéfique pour l’apprentissage des enfants, une pause de deux jours pendant le weekend perturbant leurs capacités de concentration. Et concernant la taille des classes, une étude menée en France en 2006 a prouvé que réduire le nombre d’élèves permettrait clairement d’améliorer leurs résultats scolaires.
Quant à l’opportunité de noter les élèves, la réponse de la science est… tout dépend de l’esprit dans lequel la notation est attribuée ! Afin que l’élève qui apprend en tire bénéfice, il faut que les notes lui soient attribuées pour repérer ses erreurs, lui permettre de les corriger et souligner ses progrès. En décembre 2014, ce sujet sera sur la table des législateurs.
F.G.
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