Au Maghreb, au Maroc et en Tunisie principalement, des voix s’élèvent pour accélérer l’intégration du numérique à l’école, principalement par l’équipement des élèves en tablette. La publication cette semaine de la première étude de l’Organisation de Coopération et de Développement (OCDE) sur les compétences numériques des élèves, doit nous mettre en garde : le principal enseignement des résultats pour les pays technologiquement « avancés », est qu’il ne suffit pas de mettre à la disposition des élèves et des enseignants des outils numériques pour améliorer les performances scolaires.
Certes, cette étude se contente de mettre en relation le niveau d’équipement des élèves, ainsi que le degré d’utilisation des TIC à l’école, avec les résultats aux tests PISA (méthode qui peut en soi être contestable mais qui donne un comparatif du niveau des systèmes éducatifs des pays). Cependant il est intéressant de noter que les pays ou le numérique est fortement intégrer à l’école, ne sont pas forcément ceux qui connaissent les meilleures réussites en matière d’acquisition de certaines compétences.
Quelle incidence du numérique sur la performance des élèves ?
L’étude de l’OCDE montre que même lorsque les technologies de l’information et de la communication sont utilisées en classe, elle n’assurent pas forcément la réussite scolaire. Entre 2000 et 2012, certains pays qui ont massivement investit dans l’intégration du numérique en classe ont même vu une régression dans l’acquisition de certaines compétences en mathématiques, en expression écrite et en sciences. Par exemple, alors qu’elle impose 30 minutes d’utilisation des nouvelles technologies à l’école (ce qui est bien supérieur à la moyenne des autres pays), l’Espagne a connu une forte baisse au niveau des résultats de ses élèves aux tests PISA.
Si l’étude de l’OCDE permet de mettre l’accent sur la réduction de la fracture numérique entre 2009 et 2012 qui a permis aux élèves les plus défavorisés d’accéder aux infrastructures numériques, elle met en garde sur le fait que l’équipement seul ne fait pas tout.
Vers une évolution des pratiques d’enseignement
Dans les pays ou l’enseignement numérique a été intégré dans le système éducatif depuis de nombreuses années, à l’image de l’Australie, de la Corée du Sud ou de la Norvège, ce n’est pas seulement l’utilisation des TIC qui a permis d’améliorer les résultats scolaires, mais l’évolution de la manière d’enseigner et la modification des pratiques pédagogiques.
En effet, avec l’adoption du numérique en classe, ces pays ont métamorphosé leur approche d’enseigner en adoptant de nouvelles méthodes pédagogiques : le travail en petits groupes, l’apprentissage par projets et l’enseignement personnalisé et adapter aux besoins de chaque élève.
Les pays qui ont seulement « intégré » le numérique sur des pédagogies dépassées n’ont obtenu que de piètres résultats, alors même qu’un effort considérable a été fourni pour l’équipement des élèves et des enseignants.
Parmi les recommandations de l’étude, avant de se lancer dans une course effrénée à l’équipement numérique, les pays devraient s’assurer que les élèves acquièrent un minimum de compétences en mathématique et en expression écrite.
Aussi, avant d’entreprendre des plans d’envergure pour équiper les élèves en tablettes, les responsables de l’éducation au Maghreb devraient d’abord réfléchir à l’évolution des pratiques pédagogiques et à fournir aux enseignants et autres pédagogues les moyens de bien intégrer l’outil numérique dans leur apprentissage.
En conclusion, comme le souligne l’étude de l’OCDE, il est essentiel de noter que :
Si la technologie peut permettre d’optimiser un enseignement d’excellente qualité, elle ne pourra jamais, aussi avancée soit‑elle, pallier un enseignement de piètre qualité.
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