Trois ministres pour une Refondation
Vincent Peillon, Benoit Hamon et Najat Vallaud-Belkacem ont tous trois défendu la refondation lors de la première matinée des Journées de la Refondation, le 2 mai et marqué la continuité de l'action présidentielle. Mais ils ont surtout manifesté des différences. V. Peillon jugeant la refondation définitivement installée. B. Hamon n'a pas hésité à faire un parallèle avec la loi sur le travail. Et N. Vallaud-Belkacem a ouvert une fenêtre sur ce qui pourrait être l'étape suivante : la réforme du lycée.
Grosse erreur : il ne fallait pas inviter Vincent Peillon. D'abord parce qu'il a largement débordé son temps de parole, arguant, sans vergogne, "qu'on ne l'avait pas entendu depuis deux ans". Ensuite parce que son discours a été entrainant, savant, engagé, touchant et en même temps plein d'humour. Il s'est terminé par une ovation debout des 2000 invités. Et les interventions suivantes sont apparues bien pâles...
Peillon : On ne reviendra pas sur la refondation
"Il n'y aura pas un homme d'Etat raisonnable qui reviendra sur la refondation", a démontré V. Peillon lors de son intervention. L'ancien ministre de l'éducation nationale a rappelé les étapes de la refondation en remerciant ses successeurs pour voir continué son oeuvre. Ce n'est surement pas par hasard s'il est remonté jusqu'à l'appel de Bobigny d'octobre 2010. Deux ans avant les présidentielles, syndicats, collectivités locales, mouvements éducatifs et organisations lycéennes s'étaient mis d'accord sur un programme de réforme éducative qui portait en germe la refondation, notamment la réforme des rythmes.
"Dans cet appel j'ai vu la possibilité d'union dans l'école", explique V Peillon. "Il est indispensable que les différents acteurs de l'Ecole gardent leur unité. C'est l'attitude que l'on doit avoir en classe. Nos ennemis sont à l'extérieur de l'Ecole. On doit lutter contre la société qui impose des valeurs étrangères aux siennes". Cet appel à l'union est aussi un souvenir de l'éclatement de cette unité dès que les choses se sont précisées et notamment les rythmes scolaires... qui ont beaucoup joué pour l'éviction de V Peillon. Il a néanmoins défendu cette réforme : "on a cheminé sur le bon chemin", dit-il en rendant hommage aux enseignants : "c'est du travail en plus et non rémunéré mais c'est un des leviers pour élever les résultats des élèves".
Vincent Peillon a du coup mis l'accent sur la priorité au primaire. Il a rendu un hommage appuyé aux maitres formateurs des écoles maternelles. Il a rappelé les créations de postes plus importantes dans e premier degré que dans le second (17 808 contre 15 082 dans le second degré à ce jour NDLR). Pour lui cette priorité "doit être poursuivie".
Vincent Peillon a présenté la réforme du collège comme la continuité de celle du primaire. Pour lui, cette réforme "dit la confiance envers les professeurs avec la volonté de faire que chaque établissement puisse établir au mieux la réussite de tous".
Soulignant que 35 des items issus de la concertation de 2012, sur 40, ont été remplis, V Peillon a vu dans la refondation une chance pour la démocratie. "C'est l'école qui peut lui permettre de se sauver".
Hamon : La refondation doit aussi être sociale et systémique
Tous les problèmes ne sont pas solubles dans la pédagogie, a lancé Benoit Hamon juste après V Peillon, marquant ainsi sa différence. Il a ouvert un nouveau champ en mettant en avant les inégalités systémiques dans l'Ecole. Dénonçant un système éducatif ségrégatif et reproductif il a souligné les "complaisances" envers les inégalités dans l'Ecole. Il a rappelé que la loi de refondation a fixé des objectifs quantitatifs et pas seulement qualitatifs.
Il s'éleve contre "l'idée selon laquelle il suffirait de changer les pratiques pédagogiques pour remédier à l'échec scolaire.. Quiconque ne rattache pas les problèmes d'éducation à l'ensemble du problème social de condamne à des efforts stériles ", continue-t-il en citant Jaurès. "La société qu'on prépare par la place que l'on accorde à l'identitaire par rapport au social et aussi avec la loi sur le travail peut réduire à peu de choses le colossal effort consenti par la nation". Prenant à rebours le discours de V Peillon, Hamon affirme que "aucun d'entre nous n'a pensé que la crise (de la France) serait vaincue par une politique centrée sur l'Ecole".
N Vallaud-Belkacem : Le lycée dernière réforme ?
La seule surprise du discours de N Vallaud-Belkacem c'est les références à de Gaulle, dont elle rappelle les investissements pour l'enseignement, ce qui n'est peut-être pas étranger à la campagne électorale.
La ministre a rappelé ce qui a été son "fil rouge" tout au long de la refondation : lutter contre les déterminismes sociaux, faire une école plus juste, améliorer les résultats de élèves. Pour elle les Journées doivent conforter ce fil rouge en faisant remonter les informations du terrain. Elle estime que la préscolarisation (moins de 3 ans) a progressé, "un progrès fondamental", ce qui n'est pas confirmé par les statistiques. Elle estime que l'Ecole est devenue "plus juste". "On a mis des moyens pour l'école primaire ce qui fait qu'à la rentrée 2016 on aura une création de poste pour 5 nouveaux élèves", explique-t-elle.
Interrogée sur la suite, elle veut ouvrir une réflexion sur le lycée : "quelle suite à tirer de la reforme de l'école et du collège pour le lycée ?", demande-t-elle estimant que la refondation ne doit pas s'arrêter au collège. Mais il lui reste bien peu de temps pour cela.
L'événement continue mardi 3 mais avec des ateliers et une intervention attendue de M Valls. Le premier ministre devrait clore les Journées en précisant le calendrier de revalorisation de la prime ISAE versée aux enseignants du primaire
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