Jean-Marc Merriaux : «Un enfant sait prendre une photo avant de savoir écrire»
PEDAGOGIE – Jean-Marc Merriaux est directeur général du CNDP, centre national de documentation pédagogique. Chargé de la production audiovisuelle éducative, il nous explique comment le numérique entre au service de l’apprentissage des fondamentaux à l’école primaire.
Pensez-vous que l’introduction du numérique va bouleverser l’apprentissage des fondamentaux?
Le numérique en lui-même est un formidable levier pour changer la pratique pédagogique, que ce soit dans le primaire ou le secondaire. Jusqu’à maintenant, on s’est essentiellement axé sur le secondaire, et ce, surtout parce que les établissements étaient mieux équipés. Le primaire était un peu le parent pauvre.
Est-ce que la situation a évolué?
Aujourd’hui on s’aperçoit que le numérique entre très tôt dans les familles et que les «digital natifs», ou ceux qui sont nés après 2000, en ont déjà une pratique au quotidien. Un enfant va savoir prendre une photo avec un smartphone avant même de savoir écrire. Si l’école est déconnectée d’un quotidien, je pense qu’elle n’arrivera pas à faire preuve d’intérêt. C’est donc une formidable opportunité de créer un autre rapport au savoir et d’autres conditions d’apprentissage à l’école primaire.
Les petites pastilles vidéos des «fondamentaux» entrent-elles dans ce cadre?
Au primaire, on est dans un apprentissage des fondamentaux par voie itérative, par répétition. Le numérique offre cette démarche de manière simplifiée en permettant de revenir en arrière et ainsi corriger ses erreurs. On a donc créé ces petits films sur les fondamentaux (calcul, lecture, grammaire) pour les mettre gratuitement à la disposition de tout le monde, dès 2014, sur une plateforme de diffusion. Il y aura aussi des services en plus, comme de petits exercices liés aux films, ainsi que la contextualisation interactive de la vidéo. L’enseignant pourra les récupérer et les utiliser à sa guise, que ce soit pour la leçon, pour synthétiser ou pour interroger. Les parents aussi pourront en profiter dans leur rôle de médiateur éducatif. Peut-être qu’une chaîne de télévision pour enfants décidera de les diffuser. Enfin, l’élève pourra aussi en faire usage.
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Comment intégrer tout cela à l’apprentissage?
Il faut d’abord que l’enseignant soit persuadé que cela va l’aider. L’enjeu est donc de les former et de leur faire prendre conscience des apports du numérique. Grâce aux nouveauxoutils numériques de formation mis en place cette année, on va pouvoir leur donner un autre rapport au digital. On va leur montrer que les contenus et services mis à leur disposition vont les aider pleinement dans leur travail.
Pensez-vous que les professeurs peuvent redouter ce genre d’outils?
Tout le monde a eu peur qu’un média en remplace un autre. On a dit que le numérique allait remplacer la télévision et le livre. En réalité c’est un ré-équilibrage qui a lieu et des interactions nouvelles se créent. C’est pareil pour l’enseignant et sa posture dans sa classe. Il faut qu’il soit dans un autre type d’interaction pour jouer un autre rôle et avoir une autre posture. Il n’y aura plus la logique émetteur/récepteur. L’enseignant va devenir un médiateur au sein de la classe. C’est une révolution copernicienne
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