SCHÉMA. Dans les films, on voit ce genre de scènes de procès : un avocat distribue aux jurés des photos des lieux du crime, d’un détail sur une pièce à conviction trouvés sur le terrain ou sollicite un expert pour expliquer un schéma sur les circonstances du drame. La Staffordshire University compte bien mettre fin à ce genre de pratique artisanale pour, à la place, faire entrer dans les tribunaux les procédés de réalité virtuelle. L’idée ? Littéralement immerger les jurés dans une scène de crime modélisée en 3D, en vision à 360° et photo-réaliste. Le projet associe le centre d’archéologie et le département de forensique et de criminologie de l’université et la société Advanced Laser Imaging, spécialiste du scan laser de scènes de crime.
MILLIMÈTRE. « L’établissement bénéficie également d’un partenariat sur la forensique avec la police du Staffordshire si bien que nous pourrons collaborer avec eux pour tester nos méthodes sur des scènes de crime correspondants à des affaires réelles », explique Caroline Sturdy Colls, enseignante chercheuse en archéologie forensique (l’archéologie au service des enquêtes criminelles) qui mènera ces travaux avec le chercheur italien Dante Abate, expert en imagerie laser.
Observer une scène de crime sous tous les angles en préservant son intégrité
Les développements vont convoquer tout un éventail de techniques : drone, scan laser, photogrammétrie et méthodes issues de l’archéologie comme du jeu vidéo, le tout pour un rendu en haute définition dont la précision se situerait en deçà du millimètre. « En tant qu’archéologue forensique de formation, je suis très intéressée par la manière dont ces techniques peuvent permettre de détecter et enregistrer des sites d’inhumation ou des lieux cachés, continue Caroline Sturdy Colls. Le projet ne compte pas modéliser des corps mais enregistrer les preuves in situ et les restituer dans un environnement 3D. » Dans ce cadre, les visiocasques de type Oculus Rift ou HTC Vive, qui ne s’appliquent qu’à une seule personne à la fois, ne sont que l’un des dispositifs d’immersion possibles (voir ici une démonstration vidéo succincte par la BBC).
LOGISTIQUE. En tout cas, l’intérêt de ce genre de projet est multiple. D’abord, s’épargner la logistique du transport de tout un jury sur place. Ensuite, permettre d’observer une scène de crime sous tous les angles, au plus près des détails, tout en en préservant l’intégrité. Sans compter que la simulation peut être conservée indéfiniment, enregistrée quelque part sur un serveur avec possibilité pour la « revisiter » autant de fois que nécessaire, en première instance, en appel, en cas de réouverture d’une affaire déjà jugée.
Bien sûr, chaque reconstitution virtuelle devra être validée officiellement par les autorités judiciaires. En la matière, il y aura une procédure à définir, d’autant que les chercheurs veulent rapidement travailler avec diverses forces de police du pays, avant de vraiment démarrer les simulations en mars 2017.
Ils s'appellent Thymio ou Poppy. Ces petits robots ont fait leur apparition dans certaines écoles maternelles et élémentaires de Gironde où ils permettent aux enfants d'apprendre autrement. Le petit Thymio ressemble à un modem internet sur roues et se déplace presque tout seul: il a fait son entrée dans la classe de Murielle Ducroo, à Andernos-Les-Bains (Gironde), voici deux ans, un cas unique pour une maternelle dans ce département.
Mais pas question d'enseigner le codage ou la robotique à des enfants de cet âge, qui ne savent encore ni lire ni écrire: "Je fais un travail sur le corps et les sens. Quand les enfants voient Thymio se déplacer à l'aide de ses capteurs, ils comprennent l'idée de sens humains", explique l'institutrice, rencontrée par l'AFP lors d'un colloque "robotique et éducation" organisé à Talence (Gironde) par l'Inria (Institut national de recherche en informatique et en automatique). Ce travail corporel, elle l'a aussi entrepris dans sa classe avec Poppy, un robot humanoïde d'environ 80 cm de haut, avec l'aide d'un chorégraphe et d'un programmeur.
Une initiative personnelle de l'enseignante, de formation littéraire mais qui a "toujours eu un intérêt pour les sciences" et qui a dû trouver les moyens de se former à cette nouvelle forme de pédagogie en dehors de l'Education nationale. Sa formation, elle la doit à "La main à la pâte", une fondation initiée par le prix Nobel de Physique Georges Charpak qui vise à développer le goût et l'enseignement des sciences dès le plus jeune âge par le biais de l'expérimentation. C'est en suivant la formation "graines de sciences" de la fondation qu'elle a croisé en 2014 des chercheurs de l'Inria et leurs petits protégés cybernétiques.
La robotique permet de faire accepter l'échec aux élèves
Une rencontre également déterminante pour Emmanuel Page, conseiller pédagogique en technologies de l'information et de la communication, qui a ouvert aux robots la porte des classes d'éducation prioritaire de Floirac (Gironde) car cet apprentissage "crée une motivation et une persévérance scolaire". Au menu, programmation visuelle, émission d'hypothèses, connaissance technique du robot et de son fonctionnement. Mais les élèves de primaire concernés apprennent en réalité bien davantage au contact de ces machines. "On aborde d'abord la maîtrise de la langue, la discussion, le débat d'idées, l'argumentation et l'écriture. Mais aussi d’autres langages moins concrets pour eux, comme les langages mathématique, numérique, scientifique...", explique Emmanuel Page. Pour le conseiller pédagogique, "l'école doit aussi former des citoyens numériques. On souhaite qu'ils passent du consommateur numérique passif à l’acteur, bien ancré dans la société". Tout aussi important, particulièrement pour des enfants en butte à des difficultés scolaires, "la robotique permet de faire accepter l'échec aux élèves", souligne Stéphanie Méhats, enseignante de CM1/CM2 à Floirac. "Puisque c’est le robot qui indique si l’exercice est réussi ou pas, le sentiment qu’aucun jugement ne pèse sur eux est bénéfique", explique-t-elle. Au-delà de ces expérimentations, à l'échelle encore limitée par le manque de moyens financiers, l'enjeu de la pédagogie par les robots est de pouvoir accompagner l'enfant dans ces enseignements après une première année d'initiation. "On essaie de former des enseignants d'une même circonscription. On crée même des rencontres entre CM2 et 6ème pour favoriser un passage de témoin. Le but est d'installer la robotique partout, de la maternelle au lycée, et pas faire de la robotique pour faire de la robotique", insiste M. Page.
CFC. Le trou dans la couche d'ozone au-dessus de l'Antarctique en grande partie provoqué par des activités humaines continue à se résorber, ont déterminé des scientifiques estimant que les mesures prises lors du Protocole de Montréal de 1987 portent leurs fruits. À haute altitude, cette couche qui s'étend entre vingt et quarante km d'altitude, absorbe la plus grande partie du rayonnement solaire ultraviolet qui est dangereux pour les organismes vivants et joue donc un rôle protecteur pour les êtres vivants. Ces chercheurs, dont les travaux sont publiés jeudi 20 juin 2016dans la revue américaine Science, ont calculé que le trou dans la couche d'ozone a diminué de plus de quatre millions de km2, soit environ la moitié de la superficie des Etats-Unis, depuis 2000 quand les pertes d'ozone étaient les plus grandes, au moment du printemps austral en septembre et octobre. Cette étude basée sur des mesures prises en septembre depuis quinze ans, révèle également pour la première fois une pause passagère dans ce processus en octobre 2015, à cause d'une éruption du volcan Calbuco dans le sud du Chili six mois plus tôt. "Mais globalement le trou d'ozone paraît être sur la voie de la guérison" alors que les émissions de gaz chlorés, les chlorofluorocarbones ou CFC, continuent à diminuer, concluent les scientifiques. Selon les modèles ordinateur, une guérison complète de la couche d'ozone est prévue avant 2050.
Ces substances chimiques appauvrissent l'ozone et leur concentration atmosphérique a baissé de 10 à 15% par rapport au pic de la fin des années 1990, selon le dernier rapport quadriennal de l'Organisation météorologique mondiale et du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE) publié en 2015. Le Protocole de Montréal, un traité international conclu en 1987, prévoit l'interdiction progressive de ces gaz chlorés qui étaient présents dans les systèmes de climatisation, de réfrigération, les aérosols pour les laques à cheveux et dans certains processus industriels. "Nous pouvons désormais être confiants dans le fait que les mesures internationales prises ont mis la planète sur la voie du rétablissement", pointe Susan Solomon, professeur de chimie et de sciencedu climat au Massachusetts Institute of Technology (MIT), principal auteur de cette étude. "D'ici à 2030, le Protocole de Montréal --adopté par tous les pays-- aura évité deux millions de cancers de la peau par an, des dégâts oculaires et immunitaires sur les humains, et aura aussi protégé la faune et l'agriculture", selon des simulations du Programme des Nations uniespour l'environnement. Le trou dans la couche d'ozone a été découvert en analysant des relevés à partir de station au sol qui remontaient aux années 1950. Au milieu des années 1980, les scientifiques ont constaté que la quantité totale d'ozone en octobre diminuait fortement. Pour cette nouvelle étude, les chercheurs ont utilisé les données fournies par les ballons météorologiques et les satellites. Ces derniers mesurent également le dioxyde de soufre dans l'atmosphère émis par les volcans et qui peut contribuer à réduire la couche d'ozone. L'étude a en outre montré que la diminution du trou d'ozone correspond aux prédictions des modèles et que plus de la moitié de cette réduction a résulté exclusivement de la diminution des chlorofluorocarbones dans l'atmosphère.